vendredi 15 novembre 2013

Oui moi aussi je t'aime boubou!

Pour des raisons de logistique, tu dois prendre ton bain avec moi.
- Non pas le bain avec maman, elle pique maman. Aller maman, sors!
- Oui moi aussi je t'aime boubou!

Je te gronde dans la voiture -j'ai déjà oublié pourquoi-
- J'aime pas maman, elle est méchante, je veux une autre maman!
- Oui moi aussi je t'aime boubou!

Je viens te chercher à l'école.
- Elle pu-du-ku maman!
Et ça devant tout le monde!
- Oui moi aussi je t'aime boubou!

Je te gronde pour une sombre histoire d'objet volant tout à fait identifié.
- Sors d'ici, je veux plus te voir à la maison maman!
- Oui moi aussi je t'aime boubou!

J'explique à ton père, qu'il est grand temps que j'aille chez le coiffeur.
- Oui maman a des araignées dans les cheveux. Beeerk!
- Oui moi aussi je t'aime boubou!

Mais tout est pardonné quand sort de ta bouche cette magnifique phrase, tout en rondeur et en douceur:
- T'aime ma maman.
- Oui moi aussi je t'aime boubou!

mardi 5 novembre 2013

Berceuse

Raphaël dans son transat nous observe vivre, calmement, en tétant. Il agite de temps à autres les bras en poussant de petits cri pour nous rappeler qu'il est là, lui aussi. On se retourne et il nous souri.
Qu'il est beau avec ses yeux bleus et ses traits si fins. Qu'il est reposant depuis qu'il n'a plus ses coliques, qu'il est tendre depuis qu'il n'a plus les sourcils froncés à force de pousser sa crotte.
Et puis on continue ce qu'on était en train de faire et il s'endort tout doucement.

Electrochoc

Quand est-ce arrivé que tu es devenu si grand?
Voilà que tu a ton propre avis sur tout, que tu lances de grands débats, que tu polémiques chacune de nos décisions. Tu veux faire caca tout seul, tu veux t'habiller tout seul, tu veux langer ton petit-frère tout seul.
Un jour tu as rangé ta tutute dans la boite aux trésors -juste pour la journée mais quand même- et puis le lendemain tu m'explique que putain c'est un gros mot et que je devrais surveiller mon langage -merde alors, que vais-je dire dorénavant?-
Une après-midi tu décides que la sieste c'est pour les bébés et puis tu t'inquiètes de comment arriver à calmer Raphaël.
Un matin, tu ne rentrais plus dans tes pantalons, il a même fallu renouveler tes chaussettes.
Ce week-end, t'as pris ton petit vélo sans pédales et t'as fais le tour de la ville.
T'as payé ta première compote de pomme après avoir dit à ton père, papa donnes-moi l'argent.
En un coup tu fonces aux toilettes pour monter sur ton petit tabouret, baisser ton pantalon, tenir ton zizi droit et pisser bien au milieu et moi j'ai l'air du cruche à t'attendre derrière la porte.
Hier je t'ai refusé un biscuit avant de manger et tu m'as dit que papa avait dit oui mais papa il n'est même pas là. Tu accuses Raphaël d'avoir mis des miettes dans le canapé et Lola d'avoir fait pipi sur la planche.
Tu ne dis plus Fafawel mais Raphaël, tu ne dis plus Mamuel mais Samuel, tu ne dis plus mapa mais papa et maman et ça je l'ai remarqué comme ça en une fois, comme un électrochoc.
Tu donnes ton nom de famille à qui te le demande. Mais d'où tu le connais ton nom de famille? D'où tu sais qu'en automne les feuilles tombes, puis la neige et puis il y a à nouveau des feuilles vertes sur les arbres et qu'ensuite, seulement on va nager dans la mer?
C'est arrivé comment? Par quelle porte secrète? Par quel envoûtement? Par quel chemin de traverse?

Et puis tout d'un coup, tu geins, tu pleurniches, tu trébuches, tu veux ta maman, ta tutute et ton doudou -dans l'ordre des préférences- tes demandes ne sont plus rationnelles, tu te fais pipi dessus -et caca dans tes bons jours-, tu n'arrives pas à fermer ta veste, tu ne fais pas attention en traversant la route, tu veux te marier avec ta maman et défies ton père en lui balançant c'est ma femme!

Alors en un coup, je me rappelle que tu n'as que trois ans, que tu es encore un tout, tout petit garçon, avec de toutes petites mains, de tout petits pieds dodus et que tu as tellement besoin d'un gros câlin.