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J'ai été la seule à le voir mais à travers les barreaux de la barrière de sécurité, toi et un autre enfant, vous vous êtes embrassés sur la bouche. J'ai dit c'est trop mignon mais personne ne m'écoutait. Alors j'ai gardé ce premier baiser pour mes souvenirs de toi personnels. Seulement juste pour rassurer mon incorrigible envie d'être un jour jalouse de ta femme, pourrais-tu la prochaine fois embrasser une petite fille plutôt qu'un petit garçon? Mais c'est toi qui vois, hein!
J'ai eu envie de vomir. J'étais dans ma voiture quand les infos ont annoncé le décès de vingt-huit personnes dont vingt-deux enfants dans un accident de car.
Avant toi, je crois, que j'aurai été bouleversée et compatissante du deuil de ces parents.
Maintenant, j'ai envie de hurler. Mon coeur se serre et des larmes coulent. La peur de te perdre un jour me bouffe de l'intérieur. J'ai la gorge nouée et j'ai du mal a respirer. Je me suis retournée et tu étais là, assis dans ton siège auto, gazouillant et souriant. Cette peur fait si mal et pourtant, à présent, je suis coincée avec elle jusqu'à la fin de mes jours.
Je m'en arrange, j'ai mes rituels pour conjurer le sort. Je passe pour une folle mais moi, ça me rassure.
Si la nuit, tu vois ta mère penchée sur toi, prononcant des paroles étranges, n'ai pas peur, c'est juste ta mère qui t'aime trop à en mourrir d'angoisse.